Main basse sur les fromages AOP

En France, 45 fromages bénéficient du label AOP, « appellation d’origine protégée ». En principe une garantie de qualité, de produits du terroir fabriqués dans les règles de l’art. C’est l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité) qui gère les AOP en France (voir page sur les labels).

AOP, comme l’AOC, garantit au consommateur l’origine du produit … pas la qualité !

C’est ainsi que 70% des fromages estampillés AOP (camembert, roquefort, cantal…) sortent en fait de chaînes de production industrielle. Les multinationales du secteur laitier comme Lactalis (90 % du marché du livarot.), Savencia (80 % de l’époisses) ou Sodiaal sont les trois multinationales françaises qui grignotent de plus en plus de parts de marché.

Comment, avec un même cahier des charges pour obtenir l’AOP, les petites fromageries et les industriels font des fromages de qualités aussi différentes ?

Les industriels ont fait pression sur l’INAO pour adapter le cahier des charges des AOP à leurs intérêts. Cahier des charges trop légers, tolérances, assouplissements sont concédés par l’INAO sous la pression des industriels. Dans le but d’avoir toujours de plus en plus de gros volumes et des prix bas, le tout au détriment de la qualité. Rares sont ainsi les AOP à ne pas être envahies par les multinationales. Une partie des subventions de l’INAO provient des industriels …
Dans ce contexte, les AOP ont-elles encore un sens ? Maintenir ce système n’est-il pas une forme de tromperie pour le consommateur ?

Source : le livre « Main basse sur les fromages AOP » (éditions Erick Bonnier), de Véronique Richez-Lerouge, ancienne journaliste et présidente de l’association des fromages de terroir. Elle révèle comment les industriels se sont appropriés ce label pour faire fructifier leur image, comment ils ont pris la clé des terroirs, comment ils sont en train de détruire des pans entiers de nos trésors gastronomiques : l’AOP n’est plus un signe de qualité. On y trouve encore le meilleur, mais aussi le pire et trop souvent la médiocrité.

Et de conclure : « La seule manière de sauver les AOP est de revoir tous les cahiers des charges pour poser des interdits et imposer des règles plus strictes. C’est la dernière chance que nous avons de préserver notre patrimoine fromager, qui, comme le vin, fait la réputation de la France dans le monde entier »