2021, AOP Camembert de Normandie pour les industriels

Le groupe de travail de l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité) a signé un accord jeudi 22 février pour définir les nouvelles règles de l’AOP « Camembert de Normandie ».

Fini l’obligation du lait cru, fini le moulage à la louche… la nouvelle AOP, qui entrera en vigueur en 2021, est clairement moins contraignante que celle qui perdurait depuis 1983 et que les industriels, dont Lactalis, n’ont eu de cesse de vouloir abroger, en vain.

Jusqu’à cette date, les industriels n’avaient aucune contrainte de production, ni sur la race de vache qui produisait le lait ni sur leur alimentation, et utilisaient du lait pasteurisé. Il fallait seulement que le fromage soit fabriqué dans une usine située dans le département du Calvados ou de la Manche, mais en aucun cas que le lait utilisé provienne de ce territoire. Ils pouvaient utiliser du lait allemand, roumain, polonais ou néo-zélandais.

Une petite victoire pour les amoureux de véritable Camembert : les industriels devront utiliser du lait provenant exclusivement des cinq départements normands, payé au prix juste aux éleveurs et issu d’un troupeau composé au minimum de 30% de vaches de race normande. Mais ils auront la possibilité de fabriquer ces camemberts sous AOP avec du lait pasteurisé.

Ainsi en 2021, il n’y aura plus qu’un seul et unique camembert de Normandie AOP. Ce sera la fin de la bataille entre le « Camembert de Normandie AOP » et le « Camembert fabriqué en Normandie ».

Pour les fabricants de camembert AOP actuels – ils ne sont plus qu’une petite dizaine aujourd’hui, tels Gillot mais aussi Moulin de Carel, Graindorge, Champ secret, Réaux, Durand… – c’est tirer la qualité de l’AOP vers le bas. En effet, ils respectaient un cahier des charges plus strict : Avec du lait de vache normande au pré au moins 6 mois de l’année, lait cru pour le goût et faiblement caillé moulé successivement à la louche pour en donner la texture.,…

Afin de répondre à leur inquiétude, l’INAO a prévu une mention spéciale et valorisante pour qu’ils se différencient : authentique, historique, véritable, vrai… un nouveau mot figurera sur les boîtes pour caractériser cette version haut de gamme de l’AOP à base au lait cru issu de vaches de race normande à plus de 50%, moulé à la louche…, un peu comme un grand cru ou un premier cru dans le secteur viticole.

Pas sûr que le consommateur s’y retrouve dans ce nouvel étiquetage !

Pour comprendre cette bataille voir l’articule : Main basse sur les fromages AOP